Inflation : la tendance désinflationniste se poursuit lentement

On la croyait disparue après une décennie d’accalmie lorsqu’elle a surgi au début de l'année 2022 sans prévenir, prenant quasiment tout le monde au dépourvu. Mais qu'en est-il d'aujourd'hui ? S'est-telle appaisée ou au contraire, est-elle repartie plus forte ?

L'inflation demeure tenace, mais une baisse est à prévoir.  

Au sein de la zone Euro, l'inflation globale a atteint 7 % en glissement annuel au mois d'avril, tandis que l'inflation sous-jacente a chuté à 5,6 %. Ces chiffres ne sont pas de nature à convaincre la BCE que l'inflation est sous contrôle. Malgré cela, les pressions désinflationnistes dans le secteur manufacturier continueront de se renforcer : les anticipations de prix de vente ont atteint leur niveau le plus bas depuis avril 2021. Bien qu'elles restent élevées dans le secteur des services, elles ont également connu une baisse durant les trois derniers mois consécutifs. Il est possible qu'il faille attendre le second semestre de l'année pour observer une diminution significative de l'inflation des prix des services. En définitive, on peut s'attendre à ce que la tendance à la baisse de l'inflation se poursuive, bien que l'inflation sous-jacente devrait encore osciller autour de 5 % au deuxième trimestre.

La transmission monétaire vigoureuse se répercute sur la baisse du nombre de crédits.

La dynamique de l'inflation sous-jacente est l'un des trois facteurs clés qui influenceront la politique monétaire, selon Christine Lagarde, présidente de la BCE. Elle affirme que la BCE ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Les prévisions indiquent toujours une inflation "trop élevée pendant trop longtemps". Par ailleurs, il est évident que le mécanisme de transmission monétaire fonctionne à pleine capacité. Les banques ont resserré leurs critères de crédit comme jamais depuis la crise financière, et la demande de crédit au premier trimestre a été inférieure aux attentes, selon l'enquête sur les prêts bancaires. Une nouvelle hausse de 25 points de base des taux en juin semble très probable, avec même une dernière hausse possible de 25 points de base en juillet. Quoi qu'il en soit, une longue période de stabilité devrait suivre à partir du second semestre de l'année : on prévoit désormais la première baisse des taux de la BCE qu’à partir du deuxième trimestre 2024.

L'inflation persistante remet en question les baisses de taux et exerce une pression à la hausse sur les taux du marché.

Les taux du marché restent sous surveillance et sont influencés par divers facteurs clés, notamment l'inflation. Bien que cela ne soit pas nouveau, la question cruciale est de savoir dans quelle mesure l'inflation est devenue persistante. Si le pic est derrière nous, il semble que l'inflation ne baisse pas aussi rapidement qu'anticipé. Par voie de conséquence, on ne s’attend pas à des baisses de taux de la BCE avant quelques mois. Les taux du marché sont également impactés, car l'objectif de les voir diminuer significativement à plus long terme est contrecarré par leur maintien à des niveaux profondément négatifs en termes réels, et également inférieurs aux taux à court terme.

Comment se protéger de l’inflation ?  

L’inflation, surtout quand elle atteint des sommets, n’est jamais une bonne nouvelle pour votre portefeuille. Même si un paquet de mesures a été décidé par l’État luxembourgeois et les partenaires sociaux pour atténuer les effets de la flambée des prix, il n’en reste pas moins que votre pouvoir d’achat peut être affecté, surtout quand l’inflation persiste. Votre épargne en fait également les frais. Son rendement étant inférieur au taux de l’inflation, son capital est petit à petit grignoté et vous perdez de l’argent. Le montant reste le même, mais pas sa valeur réelle.

Que faut-il faire dès lors pour contrecarrer les effets négatifs de l’inflation ? Si vous avez mis tous vos œufs dans le même panier, à savoir essentiellement des produits d’épargne, il serait peut-être temps de diversifier votre portefeuille et d’opter pour des produits d’investissement. Certes, un risque de perte en capital est toujours possible, mais certains placements sont plus risqués que d’autres. Tout va dépendre de votre appétence au risque et de votre profil d’investisseur. Si vous avez déjà investi sur le long terme, ne réagissez pas à chaud et gardez en point de mire vos objectifs patrimoniaux. Dans les moments de crise, il n’est jamais judicieux de modifier l’orientation de ses placements. Non seulement c’est trop tard, mais de plus, vous risquez de passer à côté des éventuels rebonds financiers une fois la crise passée.

Gérer ses actifs financiers dans une période aussi délicate n’est pas chose aisée. Le mieux est d’en parler à votre banquier pour faire le point ensemble et déterminer ce qu’il y a lieu de faire en fonction de votre situation personnelle.

06/2023

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