Transmettre ou céder son entreprise n’est pas un tabou. L’entrepreneur est toujours en quête de transformer une idée, innover, recruter… A-t-il le temps de penser à la transmission, de l’anticiper et, de manière plus générale, de s’occuper de son patrimoine ?
Pour être pragmatique, un tiers des entreprises est transmis en famille (ou en interne), un tiers est cédé et le dernier tiers disparait[1]. Se forger une culture de la transmission d’entreprise est donc la meilleure action entrepreneuriale pour réussir cette transition. Face aux nombreux défis et à la complexité du processus, 3 piliers peuvent servir de base de réflexion : l’actionnariat, la gouvernance et le développement de l’activité.
La transmission d’entreprise est un peu « le parent pauvre » de l’entrepreneuriat comparé aux multiples guichets dédiés à la création d’entreprise, à l’innovation et encore aux startups.
Le banquier est souvent un pilier pour accompagner la transmission de l’entreprise. En effet, il en connait parfaitement tous ses rouages de l’entreprise, ses valeurs, ses projets, son historique… et est dès lors dans une situation plus confortable pour financer la reprise. L’objectif principal étant que l’entreprise survive au départ du dirigeant, de l’actionnaire principal, tout en optimisant la transition grâce un accompagnement adapté. C’est le projet qui laissera le plus de potentiel à l’entreprise et sécurisera ses partenaires (banquiers, clients, salariés, investisseurs, etc.).
Aujourd’hui, la réalité est pourtant différente. Les entrepreneurs sont confrontés à des cycles économiques de plus en plus rapides, à de lourdes contraintes réglementaires, à des difficultés de recrutement et divers aléas dans la création de valeur ajoutée. Parfois, le chef d’entreprise n’a plus envie ou est confronté à la maladie et souhaite prendre sa retraite anticipée. Ces déclencheurs peuvent cristalliser le processus. Seul l’accompagnement coordonné par des experts permettra la transmission de l’entreprise qu’elle soit subie ou anticipée.
L’entrepreneur est conseillé au fur et à mesure de l’évolution de son entreprise. En grandissant, il s’adosse de compétences opérationnelles, financières et commerciales. Dans le développement de son patrimoine personnel, il devrait suivre la même logique. Ce sont les interactions entre le patrimoine professionnel et personnel qui demanderont le plus d’analyse et l’accès à des conseils privilégiés, surtout en phase de transmission.
Les outils sont subtils : démembrement, actions de préférence, voire le mandat de protection future (en projet de Loi[2]).
Les banques disposent de ressources et services pertinents qui couvrent les besoins financiers de l’entreprise, mais aussi au niveau des actionnaires et/ou dirigeants de celle-ci. Par ailleurs, les banques privées, expertes du patrimoine des entrepreneurs, offrent un interlocuteur unique et privilégié pour gérer le patrimoine personnel, familial ainsi que les holdings. Le banquier privé restera, après une cession de l’entreprise, l’interlocuteur naturel du cédant tandis que d’autres partenaires s’effaceront, sauf pour certains serial entrepreneurs qui cumulent leurs activités.
Grâce à la bonne santé du pays, la croissance de la valeur ajoutée des entreprises luxembourgeoises est du double de la moyenne de l’Union Européenne, l’autonomie financière des entreprises est bonne, certaines études montreraient un EBE des sociétés non-financières inférieur à la moyenne européenne[3]. Compte tenu de la taille du pays, le marché est oligopolistique, ce qui nécessite de nuancer la disparité de ses indicateurs.
Sur le terrain, nous constatons des entreprises en croissance, développant l’emploi et générant de la rentabilité ; de belles cibles pour des acquéreurs ! Le Luxembourg est un tissu idéal pour l’entrepreneuriat, avec un environnement propice au développement, mais aussi très ouvert sur les entrepreneurs internationaux historiquement structurés à l’international via le Luxembourg, ou captés grâce aux spécificités du Private Banking international.
Ici, certains rapprochements d’entreprises sont naturels, d’autres opérations demandent beaucoup de confidentialité. La Grande Région est aussi un terrain de jeu, même si l’on constate encore peu de LBO (Leverage Buy Out) sur les entreprises luxembourgeoises. Enfin, il n’est pas rare de voir un entrepreneur international, structuré à Luxembourg (en Family office ou non), s’y diversifier, racheter des entreprises locales et finalement, s’y installer.
C’est la conjugaison de toutes ces possibilités qui en fait un écosystème propice à l’entreprenariat et offrant de nombreuses opportunités.
[1] Centre des Repreneurs d’Affaires, 2015, France
[2] Présenté par le Ministre de la Justice le 11 janvier 2023
[3] https://statistiques.public.lu/fr/publications/series/regards/2020/regards-15-20.html
Paperjam, 04/2023
Qu’elles soient commerciales, artisanales ou industrielles, les PME, constituées à 70% d’entreprises familiales, sont une composante essentielle de l’économie luxembourgeoise. Or se pose de plus en plus la question de leur transmission. Dans les dix années à venir, de nombreux dirigeants auront atteint l’âge de la retraite, mais peu d’entre eux ont vraiment anticipé la fin de leurs activités. Voici les points clés auxquels vous devez être attentifs en tant que propriétaire ou dirigeant d’une entreprise familiale.
La banque est naturellement un interlocuteur pivot aux côtés des conseillers spécialisés, lorsqu’il s’agit de financer la transmission ou la reprise d’entreprise tout en assurant la continuité de son développement...